Docteur Andrei RADTCHENKO
Personnalité borderline, encore une histoire de famille
Le trouble de la personnalité borderline (TPB, borderline personality disorder) est une problématique relativement fréquente, puisqu'elle concernerait aux États-Unis environ « 2 % à 6 % des adultes, 19 % des malades hospitalisés dans les services de psychiatrie et 11 % des patients ambulatoires.» Défini (selon l'axe 2 du DSM-IV) comme un « schéma envahissant d'instabilité débutant chez le jeune adulte et présent dans de nombreux contextes», ce trouble peut être envisagé lorsqu'il existe, parmi ces quatre domaines, un écart avéré dans au moins deux d'entre eux :-affectivité (instabilité affective et dans le contrôle des émotions) ;
-relations interpersonnelles (instabilité des relations sociales, peur de l'abandon) ;
-troubles des comportements (impulsivité, auto-agressivité, tendances suicidaires) ;
-fonctionnement cognitif (mauvaise perception de l'image de soi et/ou des autres, brefs épisodes dissociatifs ou paranoïdes).Certains traits prédominants de personnalité (reconnus par le DSM-IV, comme la méfiance ou l'impulsivité) perturbent alors les rapports à l'environnement affectif et social et entraînent des difficultés récurrentes pour nouer ou gérer des relations aux autres. Connue aussi en français sous l'appellation d'« état limite» ou de « trouble de personnalité limite», cette pathologie est associée à un « recours élevé aux services de santé mentale» et à « des difficultés psychosociales souvent importantes.» Mais curieusement, précisent les auteurs d'une étude sur ce thème publiée dans Archives of General Psychiatry, la place des aspects familiaux dans le déterminisme de ce TPB demeure encore méconnue, contrairement à d'autres affections où une vaste documentation est disponible à ce propos (y compris maintes recherches sur les jumeaux).Portant sur 368 sujets (132 avec TPB, 134 sans TPB, et 102 avec troubles dépressifs majeurs) et sur 885 parents ou membres de leurs fratries, cette étude américano-canadienne vient confirmer, pour chacun des quatre secteurs évoqués (affectivité, relations aux autres, comportements, cognition) l'existence de « facteurs familiaux contribuant au TPB.» Représentant des « manifestations d'un TPB latent », ces divers secteurs relèveraient ainsi d'un processus commun ( common pathway).Gunderson JG et coll. : Family study of borderline personality disorder and its sectors of psychopathology. Arch Gen Psychiatry 2011; 68 : 753-762.14/09/11
(JIM) Dr Alain Cohen