Docteur Andrei RADTCHENKO
La vitamine D
Depuis une dizaine d’années, de nombreuses études cliniques montrent que la consommation de doses appropriées de vitamine D pourrait avoir des effets bénéfiques encore beaucoup plus importants qu’on ne le pensait, bien au-delà de son implication dans la santé osseuse. Une accumulation de données provenant d’études épidémiologiques et d’essais cliniques suggère qu’une augmentation du statut en vitamine D diminuerait le risque de différents cancers. D’autres informations indiquent qu’elle aiderait à maintenir la force physique des personnes âgées et les protéger contre les chutes. Elle abaisserait également la prévalence des syndromes métaboliques.
La vitamine D est une vitamine liposoluble que l’on trouve dans les aliments mais que l’organisme peut également fabriquer après une exposition aux rayons ultraviolets du soleil. Le rayonnement du soleil déclenche en effet la synthèse de la vitamine D dans une région profonde de la peau, à partir du déhydrocholestérol, le précurseur immédiat du cholestérol.
La vitamine D existe sous une dizaine de variantes que l’on distingue par un indice numérique. Les vitamines D2 (ergocalciférol) et D3 (cholécalciférol) sont les plus actives dans l’organisme. Il existe aussi de nombreux dérivés ; trois d’entre eux, des stéroïdes, jouent un rôle particulièrement important : le 25(OH)D ou calcidiol, le 1,25(OH)2D ou calcitriol et le 24,25(OH)2D.
La vitamine D d’origine alimentaire est absorbée avec des graisses dans l’intestin grêle ; elle rejoint ensuite la circulation générale. La vitamine D formée par exposition de l’épiderme aux rayons du soleil passe directement dans le sang. Dans le foie, la vitamine D2 et la vitamine D3 sont converties en 25-hydroxy-vitamine D, la principale forme circulante de la vitamine D. La conversion dans sa forme active, la 1,25-dihydroxy-vitamine D, se produit dans les reins.
Dans les suppléments nutritionnels, on trouve la vitamine D sous les deux formes D2 et D3. La vitamine D2 semble n’avoir que 20 à 40 % de l’efficacité de la vitamine D3 à maintenir les concentrations sériques de 25-hydroxy-vitamine D parce qu’elle est plus rapidement dégradée dans l’organisme.
19/06/2013
Vitamine D et immunopathologie
Introduction
Depuis le début du XXe siècle, on sait que les rayons ultraviolets exercent un effet bénéfique contre la tuberculose, mais ce n’est que très récemment, que l’on a démontré que l’addition de vitamine D à l’antibiothérapie antituberculeuse accélérait la guérison. Les bacilles dans les expectorations diminuent plus rapidement chez les sujets traités. Les doses de vitamine D étaient importantes, 10 mg sur 2 mois.
Autre observation intéressante, on constate une nette diminution des cytokines inflammatoires, un effet de la vitamine D. Des publications rapportent que la vitamine D protégerait également contre la grippe. Effets préventifs de la vitamine D sur certaines maladies immunitaires.
Si la vitamine D protège contre certaines infections, elle peut avoir aussi des effets préventifs intéressants sur certaines maladies immunitaires. Il est bien établi que la fréquence de ces maladies est plus grande dans les pays à faible ensoleillement.
Des chercheurs finlandais ont suivi jusqu’à l’âge de 30 ans 10 366 enfants prenant ou pas de la vitamine D durant la première année de vie. Ils ont constaté une diminution de 78 % du risque de diabète auto-immun chez les enfants qui avaient pris de la vitamine D.
Plusieurs études ont montré que la vitamine D était utile dans la sclérose en plaques. Elle diminue le risque de développement, la fréquence des poussées et l’étendue des lésions visibles en IRM.
Des résultats assez surprenants ont été publiés l’année dernière. Les auteurs ont enregistré les dates de naissance de 115 172 patients anglais qui étaient atteints de diverses maladies immunitaires. Ce qui leur a permis de calculer le risque relatif par rapport à la population générale en fonction du mois de la naissance de ces patients.
Il en ressort que les personnes nées en avril, courent un risque plus grand d’attraper une maladie immunitaire, alors que ce risque est moindre chez celles qui sont nées en octobre. Les auteurs ont alors relié l’intensité des rayons UV durant une année et les taux sériques de vitamine D.
La vitamine D donnée dans la petite enfance prédispose à l'allergie Prescrire de la vitamine D à la mère durant la grossesse serait donc bénéfique pour l’enfant, mais donner de la vitamine D durant la petite enfance favoriserait l’allergie.
C’est la même équipe finlandaise qui avait étudié l’influence de la vitamine D sur le diabète auto-immun qui arrive à cette conclusion. Les résultats sont très significatifs, le risque relatif allant de 1,35 pour l’asthme à 1,66 pour la rhinite allergique. Une étude américaine parue la même année a obtenu des résultats semblables.
Physiopathologie
Les effets bénéfiques de la vitamine D dans la prévention de certaines maladies immunitaires passeraient par l’induction de lymphocytes T régulateurs. Des patients ont été exposés aux UV, ce qui induit une augmentation nette des taux de vitamine D circulante. On constate que, durant les deux premières semaines des irradiations, l’augmentation des Treg est significative. Elle se stabilise ensuite entre les semaines 2 et 4.
On se pose alors la question : comment expliquer que la vitamine D amplifie les réponses immunitaires contre la tuberculose ou la grippe, tout en favorisant la production de lymphocytes qui atténuent les réponses immunitaires ?
La vitamine D amplifie l’autophagie. Ce processus est déclenché en général lorsqu’une cellule est soumise à un stress. Il se forme une vacuole dans laquelle une partie du cytoplasme est enfermée. Ensuite, cette vésicule, appelée autophagosome, fusionne avec les lysosomes qui digèrent alors le contenu de la vacuole. L’autophagie explique certains effets bénéfiques de la vitamine D. Par exemple, les mitochondries défectueuses, sources de radicaux libres et donc d’inflammation, sont éliminées par autophagie. Il en est de même pour les agrégats protéiques, qui contribuent à la pathogénie de maladies comme l’Alzheimer ou le Parkinson. L’autophagie intervient également dans la lyse des bactéries intracellulaires. Elle atténue aussi l’inflammation par ingestion des inflammasomes, ces complexes protéiques qui interviennent dans la sécrétion de cytokines inflammatoires comme l’IL-1.
Voyons à présent le rôle de la vitamine D dans le système immunitaire. Lors de l’activation des macrophages par un récepteur de type Toll, le facteur de transcription NF-kB induit la production de l’enzyme qui transforme le calcidiol en calcitriol et du récepteur du calcitriol, le VDR. Mais, il induit aussi la production de cytokines inflammatoires comme l’IL-23, impliquée dans la différenciation des lymphocytes Th17, ou, selon la nature du germe, l’IL-12, inductrice des Th1. Ceux-ci produisent l’IFN-g, qui lui-même, par un processus de rétroaction positive, amplifie l’activité de NF-kB et donc la production de la 1-hydroxylase et du VDR. Le macrophage, riche en 1-hydroxylase, forme encore davantage de calcitriol, dont une partie est exportée. Il agit alors sur les lymphocytes et atténue leur prolifération. Or, cet effet s’exerce plus sur les lymphocytes inflammatoires, Th1 et Th17, que sur les Th2 et sur les Treg, qui deviennent alors prédominants. Les Treg atténuent l’inflammation des maladies immunitaires et les Th2, par contre, favorisent la production d’anticorps IgE et dès lors les réactions allergiques. Quant au VDR, comme facteur de transcription, il permet l’expression des protéines nécessaires à l’autophagie ainsi que des peptides microbicides, comme la cathélicidine et les défensines.
On sait que certaines personnes sont plus sensibles au bacille de la tuberculose. Or, on a établi un lien entre cette susceptibilité et certaines variations génétiques du VDR.
Conclusion
En conclusion, il est certain que les habitants des régions à faible ensoleillement devraient prévenir toute carence en vitamine D, car elle peut aboutir à une déficience de leur défense immunitaire, mais aussi les prédisposer à des maladies immunitaires. Le rôle curatif est plus difficile à prouver. Il apparaît de plus en plus clairement que les effets bénéfiques de la vitamine D sur la fonction immunitaire passent en grande partie par l’autophagie et la production de peptides bactéricides. La maladie de Crohn illustre bien les conséquences d’un manque de vitamine D. Ces patients ont souvent des taux sériques bas de calcidiol, une autophagie déficiente et une production insuffisante de peptides bactéricides.
Professeur Pierre MASSON
Institut Christian de Duve - Université Catholique de Louvain
Où l’effet antidépresseur de la vitamine D se confirme
03/04/2013
Puisque des récepteurs à la vitamine D (en fait une hormone « neurostéroïde ») existent dans diverses structures neurologiques (neurones, névroglie, aires cérébrales incluant le cortex cingulaire et l’hippocampe) et que la vitamine D est impliquée dans plusieurs processus cérébraux (comme la régulation de facteurs neurotrophiques ou neuroprotecteurs, la neuro-immuno-modulation, la neuroplasticité, le développement cérébral), il est donc possible qu’elle soit associée à la dépression et qu’un apport supplémentaire puisse jouer un rôle important dans le traitement de cette affection, d’autant plus qu’on connaît des formes saisonnières de dépression où le rôle de la lumière solaire semble intervenir, et qu’aux États-Unis et au Canada «plus des deux-tiers de la population ont des niveaux insuffisants de vitamine D.»
Diverses observations ayant du reste accrédité ce lien probable entre une carence en vitamine D et un état dépressif, une recherche canadienne vise à confirmer la réalité de cette association par une méta-analyse portant au total sur près de 32 000 participants, et où les auteurs ont réexaminé les résultats d’une étude cas-témoin, dix études transversales et trois études de cohortes.
On constate effectivement «des taux plus faibles de vitamine D chez les personnes dépressives, par comparaison aux sujets-contrôles . » Dans l’étude cas-témoin, la moyenne entre les taux de vitamine D chez des femmes dépressives et non-dépressives est ainsi de 17,5 nanomoles/l (p=0,002). «Une certaine hétérogénéité » des études transversales rend leurs résultats d’interprétation difficile, mais les risques relatifs de dépression sont supérieurs chez les sujets présentant les taux les plus faibles de vitamine D (Odds Ratio = 1,31 ; intervalle de confiance [IC] à 95 % [1,0–1,71]), avec une différence moyenne standardisée (SMD) = 0,60 ; IC 95 % [0,23–0,97]. Et les études de cohortes confirment ce risque de dépression «significativement augmenté » (approximativement doublé) chez les sujets ayant un taux plus faible de vitamine D (Hazard Ratio = 2,21 ; IC 95 % [1,40–3,49].
En conclusion, les auteurs estiment que cette méta-analyse tend à confirmer l’association présumée entre un niveau plus faible de vitamine D et un état dépressif et à «souligner le besoin de procéder à des essais contrôlés» portant sur l’intérêt concret de la vitamine D pour prévenir ou traiter la dépression, et expliquant si cette association ainsi attestée entre dépression et vitamine D est réellement de nature causale.
Dr Alain Cohen
Anglin RES et coll. : Vitamin D deficiency and depression in adults: systematic review and meta-analysis. Br J Psychiatry, 2013; 202: 100–107.
La carence en vitamine D pourrait, dans certains cas, favoriser l'allergie alimentaire
Les résultats des études menées sur la relation entre carence en vitamine D et allergie alimentaire sont contradictoires. Selon une étude prospective ayant concerné une vaste cohorte aux Etats-Unis (la cohorte de naissance de Boston), la génétique pourrait avoir une influence sur ce lien.Ce travail a examiné la relation entre la concentration en 25(OH)D dans le sang du cordon de 649 nouveau-nés et le développement d'une sensibilisation alimentaire dans la petite enfance tout en considérant les variants génétiques individuels connus pour intervenir dans la synthèse des IgE (IL4, IL13, IL4RA, IL13RA1), mais aussi la régulation de la fonction IgE par le complexe récepteur (FCER1A, MS4A2, FCER1G) et la modulation du métabolisme de la vitamine D (CYP27B1,CYP24A1, VDR, GC).Sur les 649 enfants étudiés, 44 % présentaient une carence en vitamine D au moment de la naissance (taux de 25(OH)D < 11 ng/ml dans le sang du cordon) et 37 % ont développé une sensibilisation alimentaire établie sur la présence, dans la petite enfance, d'IgE spécifiques vis-à-vis de 5 allergènes communs à un taux supérieur ou égal à 0,35 kUA/l.Lorsque le taux de vitaminé D était examiné de façon indépendante, aucune association significative ne pouvait être mise en évidence entre l'existence d'une carence vitaminique et la survenue d'une sensibilisation alimentaire.Une interaction a, par contre, été constatée entre le polymorphisme du gène IL4 (rs2243250) et la carence en vitamine D (P interaction = 0,003, PFDR = 0,10). L'existence d'une carence en vitamine D augmentait le risque de sensibilisation alimentaire chez les enfants porteurs des génotypes CC/CT (odds ratio OR = 1,79, intervalle de confiance à 95 % IC 95% : 1,15-2,77).Des interactions similaires mais plus faibles ont été observées avec les SNPs (single nucleotide polymorphism) pour MS4A2 (rs512555), FCER1G (rs2070901) et CYP24A1 (rs2762934).Lorsque tous les 4 SNPs étaient considérés simultanément, une forte interaction gène-carence en vitamine D était évidente (Pinteraction = 9 x 106).L'existence d'une carence en vitamine D pourrait donc être associée à une augmentation du risque de sensibilisation alimentaire mais uniquement chez les enfants présentant certains génotypes.
(JIM)
Dr Geneviève Démonet
Liu X et coll. : Gene-vitamin D interactions on food sensitization: a prospective birth cohort study. Allergy 2011; 66 : 1442-1448
Vitamine D et santé osseuse
L’un des effets bénéfiques de la vitamine D3 le mieux connu et établi depuis longtemps est sa capacité à améliorer la santé du système des muscles squelettiques et des os. Un de ses principaux rôles biologiques est de maintenir des niveaux sanguins normaux de calcium et de phosphore. En favorisant l’absorption du calcium, la vitamine D aide à former et entretenir des os solides. Elle travaille également de concert avec un certain nombre d’autres vitamines et minéraux ainsi qu’avec des hormones pour promouvoir la minéralisation osseuse.
Des déficiences en vitamine D3 sont responsables d’ostéopénie, précipitent et exacerbent l’ostéoporose, provoquent une maladie douloureuse des os connue sous le terme d’ostéomalacie, augmentent la faiblesse des muscles, renforçant ainsi le risque de chutes et de fractures. Une insuffisance en vitamine D3 peut altérer le mécanisme de régulation de l’hormone parathyroïde et causer une hyperparathyroïdie secondaire, augmentant le risque d’ostéoporose et de fracture. Dans un article de revue portant sur des femmes souffrant d’ostéoporose hospitalisées pour une fracture de la hanche, 50 % d’entre elles avaient des signes de déficience en vitamine D.
Une protection contre le cancer
C’est dans les années 1940 qu’un chercheur a noté pour la première fois une connexion entre la vitamine D3 et la prévention du cancer. Il s’était aperçu que des individus vivant sous des latitudes ensoleillées avaient un taux plus faible de mort par cancer. Il a suggéré que l’exposition au soleil pourrait fournir une relative immunité contre le cancer. Au cours de ces 60 dernières années, des chercheurs ont observé une association inversée entre l’exposition au soleil et la mortalité par cancer. Un grand nombre d’études a également suggéré que des déficiences en vitamine D3 étaient associées à un risque accru de développer différents cancers, y compris des cancers du sein, des ovaires, de la prostate ou du côlon.
Réduire le risque de cancer du côlon et de cancer du sein
La relation inversée entre de faibles niveaux sanguins de vitamine D et un plus faible risque de cancer est mieux documentée pour les cancers colorectaux. L’aspect protecteur de la vitamine D est apparu dans une étude portant sur 3 000 adultes (96 % d’hommes) qui ont subi une coloscopie entre 1994 et 1997 à la recherche de lésion ou de polypes dans le côlon. Une lésion néoplasique avancée a été trouvée chez 10 % d’entre eux. Le risque de lésion cancéreuse avancée était beaucoup plus faible parmi les sujets consommant le plus de vitamine D.
Des chercheurs ont divisé chirurgicalement des polypes adénomateux (potentiellement précancéreux) de 19 patients, en retirant environ 50 %. Ils ont marqué les restes de polypes dans les intestins pour qu’ils puissent être identifiés ultérieurement et ont étudié la prolifération cellulaire dans les tissus des polypes avant et six mois après un traitement avec 400 UI de vitamine D3 et du carbonate de calcium (1 500 mg trois fois par jour) ou un placebo. La prolifération cellulaire et d’autres signes de modifications cancéreuses ont été nettement réduits chez les patients traités alors qu’aucun changement n’était observé chez les sujets sous placebo.
Dans une autre étude, des chercheurs ont étudié 1 179 femmes ménopausées en bonne santé (toutes âgées de 55 ans ou plus, sans cancer connu depuis au moins dix ans avant d’entrer dans l’étude) qui ont pris des quantités importantes de vitamine D3 et de calcium. Elles ont été réparties de façon aléatoire pour prendre quotidiennement 1 400 à 1 500 mg de calcium, 1 400 ou 1 500 mg de calcium et 1 000 UI de vitamine D3 ou un placebo. Pendant les quatre années que l’étude a duré, les femmes du groupe calcium/vitamine D3 ont vu leur risque de cancer réduit de 60 % par rapport aux femmes des autres groupes. Comme il existait un risque que certaines femmes aient pu avoir au début de l’étude un cancer non diagnostiqué, les chercheurs ont enlevé les résultats de la première année et ont ensuite analysé ceux des trois dernières de l’essai. Ces trois dernières années ont montré des résultats encore plus marqués avec une réduction de 77 % du risque de cancer dans le groupe prenant du calcium et de la vitamine D3.
2 000 UI quotidiennes de vitamine D3
Deux méta-analyses combinant les données de multiples rapports ont montré que la vitamine D pourrait aider à prévenir la moitié des cas de cancer du sein et deux tiers de ceux du côlon aux États-Unis. La première, concernant le cancer du sein, a indiqué que les individus avec les concentrations sanguines les plus élevées de 25-hydroxy-vitamine D, ou 25(OH)D, avaient le plus faible risque de cancer du sein. Les chercheurs ont divisé les comptes rendus des individus dans les deux études en cinq groupes égaux, de la plus faible concentration de 25(OH)D (moins de 13 nanogrammes par millilitre, 13 ng/ml) à la plus élevée (approximativement 52 ng/ml). Les données incluaient également le fait que le sujet ait ou non développé un cancer. Cedric Garland, coauteur de ces études, a déclaré : « Les données étaient très claires et montraient que les personnes du groupe ayant les plus faibles concentrations sanguines de vitamine D avaient les taux les plus élevés de cancer du sein et que ces taux chutaient lorsque les niveaux sanguins de 25(OH)D augmentaient. Les concentrations sériques associées à une réduction de 50 % du risque pourraient être maintenues par la prise quotidienne de 2 000 UI de vitamine D3 associée, lorsque le temps le permet, à 10 à 15 minutes d’exposition au soleil. »
L’étude sur le cancer colorectal est une méta-analyse de cinq études qui exploraient l’association entre des concentrations sanguines de 25(OH)D et le risque de cancer du côlon. Toutes ces études ont collecté des échantillons sanguins sur des volontaires en bonne santé pour mesurer la concentration en 25(OH)D. Les sujets ont ensuite été suivis pendant 25 ans pour voir s’ils développaient ou non un cancer colorectal. Comme dans l’étude précédente, les données concernant un total de 1 448 individus ont été triées en fonction des concentrations sériques de 25(OH)D et ensuite divisées en cinq groupes allant de la plus faible à la plus élevée.
Edward D. Gorham, l’un des coauteurs de l’étude, a commenté les résultats : « Cette méta-analyse a montré qu’élever les concentrations sériques de 25(OH)D jusqu’à 34 ng/ml réduirait de moitié l’incidence du cancer colorectal. Nous prévoyons une réduction des deux tiers de l’incidence avec des concentrations sériques de 46 ng/ml qui correspondraient à la prise quotidienne de 2 000 UI de vitamine D3. La meilleure façon de les obtenir serait d’associer l’alimentation, des suppléments nutritionnels et 10 à 15 minutes d’exposition quotidienne au soleil. »
Ces deux méta-analyses ont été réalisées par Cedric F. Garland, spécialiste de la prévention du cancer, et ses collègues du Moores Cancer Center de l’université de Californie à San Diego. Ils ont ensuite combiné des données tirées de différentes études réalisées dans 15 pays entre 1966 et 2004 sur les niveaux sériques de vitamine D pendant l’hiver. Le niveau d’ensoleillement et la couverture nuageuse ont été mesurés par satellite dans ces 15 pays. Puis ils ont appliqué ces données à 177 pays pour évaluer les concentrations sanguines moyennes de métabolite de vitamine D de leurs habitants. Ils estiment que 250 000 cas de cancer du côlon et 350 000 cas de cancer du sein pourraient être prévenus chaque année dans le monde en augmentant la consommation de vitamine D3, particulièrement dans les pays au nord de l’équateur. Les deux études précédentes ont montré un effet protecteur commençant à des concentrations sériques allant de 24 à 32 ng/ml de 25(OH)D.
Une action protectrice de la prostate
De récents essais cliniques suggèrent que la vitamine D et ses analogues pourraient représenter des traitements importants du cancer de la prostate. Des données expérimentales indiquent que la forme active de la vitamine D favorise la différenciation cellulaire tout en inhibant la prolifération, l’envahissement et les métastases des cellules de cancer de la prostate. Des scientifiques ont regardé les liens existant entre l’exposition au soleil et le cancer de la prostate. Ils ont comparé 450 hommes avec un cancer avancé de la prostate avec 450 sujets sans cancer. Ils ont constaté que les sujets ayant le niveau le plus élevé d’exposition au soleil avaient un risque de cancer de la prostate 50 % moins important que ceux ayant un faible niveau d’exposition. Ils pensent que l’exposition au soleil protège les hommes du cancer de la prostate en promouvant la synthèse de la vitamine D. Compte tenu des liens existant entre l’exposition au soleil et certains cancers de la peau, ils estiment qu’il serait cependant préférable d’augmenter l’apport en vitamine D par des suppléments nutritionnels et l’alimentation.
Une autre étude a montré que la vitamine D pourrait avoir un rôle thérapeutique dans le cas d’un cancer de la prostate. Seize hommes ayant été au préalable traités pour un cancer de la prostate ont été supplémentés avec 2 000 UI quotidiennes de vitamine D. Les investigateurs ont ensuite surveillé pendant deux ans leurs niveaux d’antigène spécifique de la prostate (PSA, un marqueur de la récurrence ou de la progression du cancer de la prostate). Chez neuf patients, les niveaux de PSA ont diminué ou sont restés stables une fois la supplémentation en vitamine D commencée. Chez les patients dont les niveaux continuaient d’augmenter, la supplémentation a ralenti de façon significative de 75 % leur doublement. (Le taux auquel augmente ou double la PSA est corrélé avec le pronostic de la maladie : plus longue est la durée de doublement, meilleurs sont les résultats.) Ces résultats indiquent que la vitamine D pourrait aider à prévenir ou à ralentir la récurrence ou la progression de la maladie chez des patients ayant été traités pour un cancer de la prostate.
Des déficiences perturbent l’immunité
Des chercheurs ont associé différents aspects de la santé immunitaire à des déficiences en vitamine D3. Cette dernière régule les lymphocytes T qui sont importants pour le bon fonctionnement d’un système immunitaire solide. La vitamine D3 agit comme un modulateur du système immunitaire, prévenant l’expression excessive des cytokines inflammatoires et augmentant l’efficacité destructrice des macrophages. De plus, elle stimule fortement l’expression de puissants peptides antimicrobiens qui existent dans des cellules du système immunitaire, comme les neutrophiles, les monocytes, les cellules naturelles tueuses et les cellules tapissant le système respiratoire. Ces peptides stimulés par la vitamine D3 jouent un rôle majeur dans la protection des poumons contre les infections. Par ailleurs, des déficiences en vitamine D3 influent sur le développement et la progression de différentes maladies auto-immunes.
Un article scientifique récent présentait des preuves convaincantes que des infections saisonnières, comme la grippe, pourraient en réalité résulter d’une diminution des concentrations en vitamine D pendant la période hivernale et non d’une augmentation de l’activité virale comme on le pense traditionnellement depuis fort longtemps. Des récepteurs de vitamine D sont présents sur de nombreuses cellules du système immunitaire responsables de la destruction des virus et des bactéries. La vitamine D, qui est moins disponible en hiver à partir de l’environnement, semble indispensable à une activation correcte de ces cellules.
Bénéfique en cas d’insuffisance cardiaque
L’insuffisance cardiaque, ou incapacité du cœur à pomper suffisamment de sang pour répondre aux besoins de l’organisme, est une cause majeure de décès dans les pays industrialisés. Les scientifiques pensent que des niveaux élevés de cytokines pro-inflammatoires circulantes pourraient contribuer à l’insuffisance cardiaque et que la vitamine D pourrait apporter une protection bénéfique en étouffant ces médiateurs inflammatoires.
Dans un essai en double aveugle, 123 patients avec une insuffisance cardiaque congestive ont reçu quotidiennement de façon aléatoire 2 000 UI de vitamine D et 500 mg de calcium ou un placebo et 500 mg de calcium pendant 9 mois. Les patients supplémentés ont vu augmenter de façon importante leurs niveaux de cytokine anti-inflammatoire interleukine 10 et diminuer ceux de la cytokine pro-inflammatoire facteur nécrosant des tumeurs. Les scientifiques pensent qu’en diminuant l’environnement inflammatoire des patients ayant une insuffisance cardiaque congestive, la vitamine D constitue un traitement prometteur.
Aiderait à prévenir le diabète
La vitamine D diminuerait la prédisposition au diabète de type II en ralentissant la perte de sensibilité à l’insuline chez les sujets présentant des signes annonciateurs de cette maladie. Des chercheurs ont étudié 314 adultes sans diabète auxquels ils ont donné quotidiennement pendant trois ans 700 UI de vitamine D et 500 mg de calcium. Parmi ceux qui avaient des niveaux légèrement élevés de glycémie à jeun au début de l’étude, la supplémentation a ralenti son élévation et freiné l’augmentation de l’insulinorésistance par rapport aux sujets témoins. Les chercheurs en ont tiré la conclusion que supplémenter des personnes âgées ayant des niveaux de glycémie perturbés pourrait aider à éviter le syndrome métabolique et le diabète.
Prévenir les chutes chez les personnes âgées
Chez les personnes âgées, les chutes sont fréquentes et associées à une morbidité et une mortalité significatives. Des travaux suggèrent que la vitamine D pourrait aider à les prévenir. Des études croisées ont en effet montré que des personnes âgées avec des niveaux sériques plus élevés de vitamine D tombaient moins souvent. Une méta-analyse a observé qu’une supplémentation en vitamine D aidait à réduire le risque de chutes de 22 %. Une étude randomisée contrôlée a montré qu’une supplémentation quotidienne avec 1 200 mg de calcium et 800 UI de vitamine D3 pendant trois mois réduisait de 49 % le risque de chute de personnes âgées en établissement de long séjour.
La vitamine D pour prévenir les maladies d'Alzheimer et de Parkinson
En France, les carences en vitamine D sont fréquentes dans la population : « la proportion est estimée à 30 % parmi les adultes vivant au nord de Paris, elle grimpe à 50 % chez les femmes ménopausées, 75 % en cas d'ostéoporose et presque 100 % chez les personnes âgées vivant en institution». Outre des effets protecteurs contre les fractures, les maladies cardiovasculaires, certains cancers, le diabète ou la dépression, la vitamine D préviendrait le risque d'apparition de deux maladies neurodégénératives : la maladie d'Alzheimer et la maladie de Parkinson. Des chercheurs de l'université d'Exeter (Royaume-Uni) ont exploré les liens entre le taux de vitamine D dans le sang et le déclin cognitif chez 858 personnes de plus de 65 ans, dont les performances intellectuelles ont été évaluées par des tests pendant 6 ans. Les individus présentant un déficit sévère en vitamine D (taux sanguin inférieur à 25 nanomoles par litre -nmol/l) avaient un risque multiplié par 1,6 d'avoir une détérioration cognitive. La seconde étude, finlandaise, vient d'être publiée dans Archives of Neurology. Plus de 3 000 personnes âgées de 50 à 79 ans, toutes indemnes de maladie de Parkinson, ont été suivies pendant 30 ans. Indépendamment des autres facteurs, le nombre de patients ayant déclaré un Parkinson était trois fois plus élevé dans le groupe avec les taux sanguins les plus bas de vitamine D par rapport à celui avec les niveaux les plus élevés. La vitamine D serait donc une cible thérapeutique prometteuse pour la prévention des démences. L'intérêt de cette supplémentation chez les personnes âgées réside également dans le fait qu'elle est peu onéreuse et qu'elle a déjà montré ses bénéfices pour réduire le risque de fractures. Toutefois on ne sait pas encore quel est le taux optimal de cette vitamine pour garantir un effet neuroprotecteur, ni celui à partir duquel elle peut être toxique. En France, les apports conseillés chez les personnes âgées sont de 10 microgrammes quotidiens (400 unités). Mais, d'après les dernières recherches, l'effet préventif des fractures se ferait plutôt sentir entre 400 et 800 unités par jour
Le Figaro, mercredi 14 juillet, www.lefigaro.fr
La vitamine D pourrait permettre de traiter, voire de prévenir l'allergie à Aspergillus fumigatus, responsable de complications sévères chez les patients atteints de mucoviscidose et d'asthme.
Chez 4% à 15% des patients atteints de mucoviscidose, la moisissure Aspergillus fumigatus provoque une aspergillose bronchopulmonaire allergique (ABPA). Cela, en induisant une réponse immune de type Th2. Cependant tous les patients porteurs d'Aspergillus ne développent pas d'ABPA. Pour identifier les facteurs favorisant la tolérance ou la sensibilisation vis-à-vis d'Aspergillus, une équipe américaine (hôpital pour enfants de Pittsburgh, Pennsylvanie) a comparé des patients colonisés par la moisissure et présentant ou non une ABPA.
Résultats, publiés dans le Journal of Clinical Investigation : les chercheurs ont retrouvé une augmentation de la réponse Th2 chez les patients présentant une ABPA. Ils ont montré que cette augmentation était corrélée à de plus faibles taux de vitamine D. Les patients avec ABPA présentaient des taux de vitamine D significativement inférieurs aux patients sans ABPA. Le déficit en vitamine D constituerait ainsi un facteur de risque d'ABPA.
La vitamine D ayant été impliquée dans le développement des cellules T régulatrices, les auteurs ont testé l'effet, in vitro, de l'addition de 1,25 OH-vitamine D3. Résultats : in vitro, l'addition de la vitamine D a permis de supprimer la réponse Th2. Selon les auteurs, ces données justifient de conduire un essai thérapeutique sur la vitamine D en prévention ou en traitement de l'ABPA chez des patients atteints de mucoviscidose.
Un taux sérique de vitamine D bas augmente le risque de pathologies aiguës chez le sujet âgé
Dr Emmanuel Cuzin (08/12/2010)
Cette étude a mesuré le nombre de pathologies aiguës chez les sujets âgés de plus de 75 ans hospitalisés en court séjour gériatrique, en fonction de leur statut en vitamine D. Le nombre de pathologies aiguës était significativement plus élevé 3,07 ± 1,52 chez les 79 % de sujets carencés en vitamine D (taux sérique 25OHD < 50 nmol/l) que chez les non carencés 2,57 ± 1,18 (p = 0,026). Cette étude démontre que la carence en vitamine est très fréquente chez les sujets âgés hospitalisés en court séjour gériatrique et qu'elle augmente la fragilité des personnes âgées. Il serait utile, de systématiquement doser la 25OHD chez les sujets âgés pour dépister les carences éventuelles et les corriger.
Annweiler A et coll. : Carence en vitamine D : un indicateur d'instabilité de l'état de santé en court séjour gériatrique. 9e congrès international francophone de gériatrie et gérontologie. Nice, 19-21 octobre 2010.
Sujets âgés hospitalisés : la vitamine D est-elle un marqueur de la sévérité et/ou du nombre des maladies chroniques ?
Dr Giovanni Alzato (08/12/2010)
La carence en vitamine D est volontiers associée à des maladies chroniques multiples, mais est-ce leur fréquence ou leur gravité qui sont ainsi visées ? Une étude transversale a inclus 240 sujets âgés (en moyenne 84,6 +/- 4 ans) hospitalisés dans un service de court séjour. Les taux sériques de 25-hydroxyvitamine (25OHD), ont été dosés, tandis qu'un questionnaire standardisé donnait une idée du nombre d'affections de longue durée. Une évaluation gériatrique globale a en outre précisé le nombre et la sévérité de ces maladies. Au total, 102 participants (42,5 %) présentaient une carence en vitamine D. Dans ce cas, le nombre et la sévérité des affections chroniques se sont avérés plus élevés en analyse univariée. Cependant, cette association n'a plus été retrouvée en analyse multivariée après ajustement en fonction des facteurs de confusion potentiels, qu'il s'agisse de l'âge, du sexe, du nombre de maladies chroniques ou encore de la concentration sérique de parathormone.
Annweiler C et coll. : Vitamine D chez la personne âgée hospitalisée : un biomarqueur de la sévérité des maladies chroniques ?
9e congrès international francophone de gériatrie et gérontologie. Nice, 19-21 octobre 2010
Sûreté de la vitamine D
La vitamine D est généralement bien tolérée chez les adultes, à des doses quotidiennes pouvant aller jusqu’à 2 000 UI. Plusieurs recherches indiquent qu’elle pourrait même être utilisée sans risque et sans effet secondaire jusqu’à 10 000 UI quotidiennes, alors que les autorités sanitaires ont fixé la dose de sécurité à 1 000 UI/j. C’est le constat établit par une équipe de chercheurs après avoir examiné 21 études et essais cliniques bien conçus réalisés sur l’homme avec des doses bien supérieures à celles recommandées par les autorités sanitaires. En France, l’Agence française de sécurité sanitaire (Afssa) estime qu’il suffit de 200 UI de vitamine D à un adulte pour rester en bonne santé (400 à 600 UI pour les personnes âgées) alors que les scientifiques sont convaincus que les besoins sont proches de 1 000 UI par jour.
Mangez des pommes !
Les pommes pourraient-elles être d'une quelconque efficacité pour prévenir, ou encore mieux participer au traitement, de maladies neurodégénératives comme l'Alzheimer ou la maladie de Parkinson ? C'est en tout cas ce que laissaient penser les résultats d'une étude, publiée en 2004, dont le but était d'évaluer les (éventuels) effets protecteurs de la quercétine -un flavonoïde majeur de certains fruits et végétaux dont les pommes sont riches- sur les processus neurodégénératifs hydroxy-peroxyde induits. Pour ce faire, les auteurs de l' Unversité Cornell, Geneva, NY USA, avaient pré incubé des cellules PC12 avec de la quercétine ou de la vitamine C avant de les traiter à l'eau oxygénée ; les résultats leur avaient montré que la survie des cellules augmentait nettement dans le premier groupe (beaucoup moins dans le second) et, considérant que le stress oxydatif était un élément majeur de fragilisation des membranes cellulaires neuronales, ils avaient poursuivi l'essai. Avec la conclusion finale que la quercétine pourrait bien, de façon très significative, protéger de certaines pathologies neurologiques en rapport avec ce stress oxydatif...
Quelques années plus tard sort une nouvelle étude, encore une fois à l'avantage des pommes même si les organes ciblés ne sont pas les mêmes. Ce travail, mené dans le cadre du vaste projet européen ISAFRUIT destiné à expliquer scientifiquement les bienfaits épidémiologiquement reconnus des fruits sur la santé, se devait évidemment de scruter avec la plus grande attention le gros fruit rond. Il est apparu, en nourrissant des rats pendant 14 semaines avec de la pectine (pomme entière), que l'administration de 0,33 ou 3,3 % de cette pectine dans le régime des animaux modifiait considérablement les profils de DGGE ( denaturing gradient gel electrophoresis, gels sur lesquels une bande = une "espèce", très utilisés pour la détection des bactéries en agro alimentaire) obtenus pour le caecum, et que les niveaux de butyrate doublaient par rapport aux témoins. Qu'est-ce à dire ? Les bandes DGGE supprimées chez les rats pectinés correspondaient en pratique à des bactéries anaérobies du phylum Bacteroidetes, les prééminentes post-diète à des anaérobies à Gram positif du phylum Firmicutes, dont plus spécifiquement des espèces du Cluster XIVa de Clostridium. Avec ce phénomène remarquable que les bactéries « favorisées » ont la réputation d'être utiles au bon fonctionnement local, en particulier en participant à la production d'acides gras à courtes chaînes régulateurs du pH, et que le butyrate est un élément nutritif majeur des cellules intestinales. Un dernier détail à ne pas négliger étant que ces effets apparemment bénéfiques ne sont pas retrouvés avec les dérivés du fruit, jus, purées ou compotes.
" An apple a day leaves the doctor away", disent les Anglais dans un proverbe largement repris chez nous. C'est vrai qu'on a toujours attribué à la pomme de grandes vertus thérapeutiques, et que nos plus lointains ancêtres l'utilisaient déjà en onguents (pommade vient de pomme). Certaines propriétés de la pomme sont aujourd'hui bien établies, d'autres sont en voie de l'être, toutes ne seront certainement pas confirmées. Il semble quand même que le Président avait raison, mangez des pommes !
Heo HJ et coll. : Protective effects of quercetine and vitamin C against oxidative stress-induced neurodegeneration. J Agric Food Chem. 2004; 52: 7514-7 Licht TR et coll. : Effects of apples and specific apple components on the cecal environment of conventional rats: role of apple pectin. BMC microbiology 2010;10: 13doi:10.1186/1471-2180-10-13
Carence en oméga 3 et dépression, un début d’explication
31/01/2011 |
Des résultats chez l’animal corroborent les études cliniques et épidémiologiques mettant en évidence des associations entre carence en oméga 3 et troubles de l’humeur.Un déséquilibre entre oméga 3 et oméga 6 perturbe la transmission nerveuse du système endocannabinoïde fondamental dans les comportements émotionnels, selon des études chez la souris dont les résultats ont été présentés dans la revue Nature neuroscience. Les acide gras oméga 3 sont indispensables au fonctionnement du système nerveux et l’organisme ne peut les synthétiser de novo. Or, au cours du XXe siècle, le rapport quantité d’oméga 6 sur oméga 3 dans l’alimentation n’a cessé de progresser.Une équipe de chercheurs de l’Inserm et de l’Inra a émis l’hypothèse qu’une malnutrition chronique, dès le développement utérin, influence l’activité des neurones impliqués dans les comportements émotionnels à l’âge adulte. En faisant suivre à des souris un régime dont le rapport oméga 3/oméga 6 est déséquilibré, ils ont découvert que la transmission nerveuse était perturbée : les récepteurs cannabinoïdes voient leur fonction abolie. « Ce dysfonctionnement neuronal s’accompagne de comportements dépressifs chez ces souris mal nourries », précise les auteurs. Chez ces souris déficientes en oméga 3, les habituels effets induits par l’activation des récepteurs cannabinoïdes au niveau cellulaire et comportemental n’apparaissent plus. La plasticité neuronale est altérée dans deux structures impliquées dans la récompense, la motivation et la régulation émotionnelle : le cortex préfontal et le noyau accumbens.Pour les auteurs, ces résultats apportent les premiers éléments biologiques pouvant expliquer les associations entre déséquilibre oméga 6/oméga 3 et troubles de l’humeur constatées dans des études épidémiologiques
IMPACT SANTE
Virginie BAGOUET
Oméga-3 : soyez intelligent, vivez longtemps !
Avec Jean-Marie Bourre, membre de l’Académie nationale de médecine
Manger du poisson rend-il intelligent ? Oui ! Grâce aux oméga-3, acides gras essentiels, le cerveau des nourrissons se construit correctement. A l’âge adulte, ces mêmes oméga-3 permettent de lutter contre la tension artérielle, la dépression ou encore la démence. A vos fourchettes ! Le Dr Jean-Marie Bourre fait le point sur ces bonnes graisses, indispensables à l’homme.
Les oméga-3, sont des acides gras polyinsaturés, que l’on trouve naturellement en grande quantité dans les poissons, et les huiles de noix et de colza (l’huile d’olive est une huile monosaturée). On les appelle :
L’acide alpha-linolénique (ALA)
L’acide éicosapentaènoïque (EPA)
L’acide docosahexaènoïque (DHA)
Alors que les femmes devraient consommer 1,6 gramme par jour d’oméga-3 et les hommes, 2 grammes, chacun n’en consomment que la moitié. À tort, puisque les oméga-3 sont des alliés redoutables contre les maladies et permettent de lutter contre le vieillissement
La sardine, avec le maquereau, le saumon, la truite et le hareng, sont les poissons les moins onéreux, et les plus riches en Oméga3
Les effets sur le QI ! Vient d’être publiée dans Les Annales pharmaceutiques, une étude prouvant que de futures mères, ayant mangé du poisson pendant leurs grossesses, et en quantité importante, offrait la possibilité à leurs nourissons de développer un quotien intellectuel plus élevé que la moyenne. Car le cerveau, organe le plus gras après les tissus adipeux, a besoin d’un stock important de bonnes graisses pour se former.
Il est également prouvé que consommés en quantité importante, les oméga-3 diminuent les risques de dépression et agit notamment contre le baby blues !
Mais les oméga-3 ne se contentent pas de rendre la vie plus facile à la mère et à son enfant... Ils luttent également contre la tension artérielle. Quant aux risques de maladies cardiaques, ils sont divisés par deux, si la consommation de poisson est supérieure à deux fois par semaine. Par ailleurs, les oméga-3 stimulent l’activité intellectuelle et limitent les risques de démence.
Les propriétés anti-inflammatoires peuvent également avoir un effet calmant pour des maladies touchant les intestins telles que la maladie de Crohn ou le cancer colo-rectal.
Manger mieux pour vivre mieux n’est donc pas un mythe !
Un des succès du régime crétois : multiplier les sources d’Oméga3 avec une alimenation composée en partie de poisson de pourpier et d’huile de noix
Que faut-il manger ? Manger varié et équilibré n’est pas un scoop. En revanche, Jean-Marie Bourre met l’accent sur une alimentation basée sur les poissons et les crustacés, d’élevage ou non. Prendre une cuillière d’huile de poisson sans surconsommation, ne peut être que bénéfique pour la santé. Le pourpier (salade) est également riche en oméga-3, ainsi que les oeufs de poule, les huiles de lin, de noix et de colza.
Que penser des produits enrichis en oméga-3 ? Tout dépend du produit. Dans le cas d’une margarine par exemple, il convient au consommateur de vérifier la teneur en huile de colza. Si elle est importante alors le produit est valable ; si la teneur est de l’ordre de 1%, passez votre chemin !
Attention : En aucun cas les oméga-3 baisseront votre taux de mauvais cholestérol (LDL) ! Cette confusion, bien souvent entretenue par les industriels, part du principe où si vous consommez moins de graisses saturées, vous consommerez plus de graisses polyinsaturées...
Que se passe-t-il en cas de « surdosage » ? Les Français sont encore loin d’être dans le cas de figure d’excès en oméga-3. En revanche, chez les esquimaux, gros mangeurs de poisson et de viande de phoque, la surconsommation de ses produits fort en oméga-3 provoque de graves hémorragies.
Car les oméga-3, consommés à fortes doses, sont de puissants anticoagulants. Avant de consommer 800 grammes de poisson par semaine ainsi qu’un kilo de phoque et d’ours, il vous reste une petite marge... !
Dr Jean-Marie Bourre, neurotoxicologue, directeur de recherche à l’Inserm, membre de l’Académie nationale de médecine
Jean-Marie Bourre est directeur de recherche à l’Inserm, spécialisé dans la chimie du cerveau et ses rapports à la nutrition. Neuro-toxicologue, il est l’un des découvreurs des effets des oméga-3 sur le cerveau. Membre de l’Académie nationale de médecine, il a publié de nombreux livres, succès en librairie
Le meilleur régime pour perdre du poids avec bonne humeur
Les mesures hygiéno- diététiques font partie du traitement de fond de l'obésité, même si leurs résultats ne sont pas brillants. Le régime hypocalorique a été essayé à toute les sauces en jouant sur sa composition qualitative et quantitative, par exemple, sa teneur en graisses et/ou lipides, mais aussi en glucides d'absorption rapide. La quantité d'aliments et de calories est bien évidemment importante et il existe des régimes drastiques, notamment très pauvres en hydrates de carbone (HC).
De tels régimes, certes louables puisque partant d'une bonne intention pourraient avoir à long terme des conséquences néfastes sur l'humeur des patients obèses, voire leurs fonctions cognitives. Il ne faut pas oublier que certains sujets sont très dépendants des HC d'absorption rapide au point d'engloutir des quantités faramineuses de ces derniers en peu de temps. Les périodes de fêtes, style réveillon, favorisent de tels comportements qui mettent le fautif dans tous ses états.
Un étude randomisée a inclus au total 106 patients (âge moyen, 50,0+/-0,8 ans) atteints d'une surcharge pondérale ou d'une obésité. L'indice de masse corporelle (IMC) a été estimé en moyenne à 33,7+/-0,4 kg/m . Deux groupes ont été constitués par tirage au sort selon les modalité d'un régime hypocalorique (environ 1 433-1 672 kcal/jour) :
1) très pauvre en HC et riche en graisses (RG) ;
2) riche en HC mais pauvre en graisses (PG).
Ces mesures diététiques ont été instaurées pour une durée d'un an.
A la fin de l'étude, la perte de poids globale qui a été en moyenne de 13,7+/-1,8 kg s'est avérée similaire dans les deux groupes (p=0,26). Tout au long de l'essai, des interactions significatives ont été mises en évidence entre le type de régime et les troubles de l'humeur tels que hostilité-colère, confusion, abattement-dépression. De fait, dans le groupe PG, l'amélioration des troubles de l'humeur s'est avérée plus importante (p<0,05 versus le groupe RG). La mémoire de travail s'est améliorée au bout d'une année (p<0,001 versus état basal) dans les deux groupes, alors que la vitesse de traitement de l'information est restée stable. Aucun des deux régimes n'a eu d'impact significatif sur les fonctions cognitives.
Au bout d'un an, un régime hypocalorique pauvre en graisses s'est avéré plus efficace qu'un régime très pauvre en HC, non pour la perte de poids, identique dans les deux groupes, mais pour l'humeur et la motivation qui vont de pair chez les patients atteints d'une obésité et confrontés à la rigueur des règles hygiénodiététiques.
Brinkworth GD et coll. : Long-term Effects of a Very Low-Carbohydrate Diet and a Low-Fat Diet on Mood and Cognitive Function. Arch Intern Med 2009; 169: 1873-1880